Synthèse sur la thématique
Vous trouverez dans cette rubrique l’ensemble de la documentation produite par le FEJ sur la thématique "Insertion professionnelle".
Trop de décalage demeure entre formation et emploi, qu’il s’agisse d’enseignement secondaire ou supérieur. Les expérimentations présentées ci-dessous développent des actions innovantes pour que les élèves et étudiants aient un accès plus facile au monde du travail, en renforçant notamment l’insertion professionnelle des jeunes diplômés de l’université.
Documents
1. Enjeux pour les politiques publiques
Dans son analyse des « difficultés de la jeunesse », le sociologue Louis Chauvel pointe comme facteur important le fait que « la France a oublié l’accompagnement des jeunes vers le monde du travail ». La concertation jeunesse menée en 2009 avait constaté que « l’insertion professionnelle [était] de plus en plus difficile, de plus en plus précaire : un jeune met en moyenne 5 ans entre la fin de sa formation et son entrée en CDI ».
Cette situation est très inégale selon le niveau de diplôme : en 2010, trois ans après avoir quitté le système éducatif, 85 % des diplômés de l’enseignement supérieur ont un emploi, contre 48 % des non diplômés. Les raisons de ces difficultés sont multiples : « Un système éducatif qui prépare mal à la vie professionnelle, un système d’orientation défaillant, des liens entre la sphère éducative et le monde de l’entreprise qui restent beaucoup trop ténus, des acteurs multiples mal coordonnés, et une répartition de l’effort public inégal ».
Les expérimentations cherchent à répondre à ces difficultés par le développement de partenariats entre les acteurs de l’enseignement, et les acteurs professionnels de l’insertion et du recrutement, la mise en place d’actions d’accompagnement et de parrainage, la création d’outils nouveaux (portefeuilles de compétence) et le soutien par des aides innovantes pour favoriser la création d’activités.
Les évaluations devraient permettre d’apporter des réponses aux questions suivantes : quelles formes d’accompagnement donnent des résultats pour l’accès à l’emploi ? Quels dispositifs permettent de valoriser les compétences des jeunes en recherche d’insertion ? Quelles actions sont les plus efficaces pour permettre la création d’activité ?
2. Dispositifs expérimentés
48 expérimentations sont soutenues par le FEJ qui devraient bénéficier à environ 21 500 jeunes :
- 24 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 1 « Réduire les sorties prématurées du système de formation initiale », l’axe 2 « Améliorer la transition entre formation et emploi » et l’axe 4 « Soutenir les initiatives et les projets des jeunes » (AP1, publié en avril 2009) ;
- 1 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 3 : « Améliorer l’accès aux soins des jeunes » (AP2, publié en octobre 2009) ;
- 2 s’inscrivant dans le cadre du programme 3 « Soutenir les initiatives et les projets des jeunes » du premier appel à projets pour l’Outre-mer (AP DOM1), publié en août 2009 ;
- 3 s’inscrivant dans le cadre du programme 3 « L’insertion professionnelle des jeunes par la valorisation des ressources locales, tant culturelles que naturelles » du second appel à projets pour l’Outre-mer (APDOM2), publié en février 2011 ;
- 6 s’inscrivant dans le cadre du second appel à projets scolaire « Sécurisation de l’entrée dans la vie active des jeunes de lycée professionnel » (APSCO2), lancé en 2011 ;
- 8 retenus dans l’appel à projets « Quatre territoires » (APQT), lancé en 2009 ;
- 2 projets retenus hors appel à projets (HAP) ;
- 2 issues de l’appel à projets lancé en 2008 par la DIIESES.
4 de ces projets sont portés par des collectivités territoriales.
2.1 Valoriser les compétences (5 projets)Les dispositifs expérimentés ont pour objet la mise en place de méthodes et d’outils permettant la valorisation des compétences pour aider à l’insertion professionnelle : portefeuille de compétences numériques, bilans de compétences (sur support numérique), visas de compétences, outil pour constituer un réseau professionnel (5 projets).
Les projets comprennent une dimension d’accompagnement par des enseignements dans le cadre du cursus universitaire (voir, par exemple, l’encadré ci-dessous), des modules de formation et des ateliers collectifs pour la recherche de stage et d’emploi ou des dispositifs de parrainage de jeunes diplômés.
2.2 Accompagner vers l’insertion professionnelle (17 projets)Les dispositifs expérimentés ont pour objet :
- un accompagnement vers l’insertion (7 projets) ;
- des outils pour l’insertion des étudiants (7 projets) ;
- l’orientation ou l’information sur l’alternance (2 projets).
2.3 Agir à l’échelle d’un territoire (8 projets)La démarche d’expérimentations « quatre territoires » vise à conduire un ensemble de projets complémentaires les uns des autres pour aider l’insertion sociale et professionnelle des jeunes en difficulté sur un territoire donné, sans définir a priori de domaine d’intervention mais en veillant à la cohérence des actions sur le territoire, sur la base d’un diagnostic préalable de la situation des jeunes au plan local. La démarche a été initialement déclinée sur quatre territoires : les départements de Meurthe-et-Moselle, du Morbihan et du Val-d’Oise et la ville de Nantes.
2.4 Anticiper et accompagner l’insertion professionnelle des lycéens professionnels (6 projets)Cet axe d’expérimentation est mis en œuvre par les 6 projets appelés « N-1/N+1 : Sécurisation de l’entrée dans la vie active des jeunes de lycée professionnel ».
L’expérimentation est menée dans trois académies (Amiens, Lille et Lyon) et quatre spécialités de baccalauréats professionnels (électrotechnique énergie équipements communicants, industries de procédés, commerce et services de proximité, et, vie locale.
2.5 Aider la création d’activité (12 projets)Les dispositifs expérimentés ont pour objet :
- l’aide à la création d’activité par l’accompagnement (6 projets) ;
- le microcrédit (6 projets).Les dispositifs portant sur le microcrédit consistent à octroyer un crédit à des jeunes en difficultés pour leur permettre de créer leur entreprise. Ils s’adressent à des jeunes n’ayant pas accès au crédit habituel ou rencontrant des difficultés d’accès. Certains dispositifs mobilisent les banques ou les circuits financiers existants. D’autres reposent sur des actions coordonnées d’acteurs territoriaux ou des centres communaux d’actions sociales financés par fonds propres.
Des expérimentations mettent en œuvre des microcrédits de type social, qui consistent en des prêts de faible montant octroyés à des jeunes en difficultés sociales pour les aider à réaliser leurs projets personnels.
3. Premiers enseignements
La réduction des taux de chômage et d’inactivité des jeunes est une priorité de l’action publique. Les actions soutenues par le FEJ en matière d’insertion professionnelle des jeunes s’articulent autour de quatre axes :
- Le renforcement de l’accompagnement des jeunes en insertion, notamment par l’expérimentation d’un « revenu contractualisé d’autonomie » (RCA). Les résultats de l’évaluation intermédiaire du RCA montrent que l’allocation permet de renforcer le lien entre les jeunes et les missions locales, mais pas d’améliorer leur situation professionnelle. L’évaluation montre des effets contrastés sur
les ressources des jeunes selon leur situation initiale, puisque pour les jeunes les moins précaires, l’allocation est venue se substituer à d’autres sources de revenus. Ces enseignements ont été utilisés pour la définition du ciblage et de l’accompagnement des jeunes qui bénéficieront de la « Garantie jeunes », mesure adoptée lors du Comité interministériel de lutte contre les exclusions et reprise dans le cadre du Comité interministériel de la jeunesse du 21 février dernier. - Un dispositif d’aide au passage du permis de conduire à destination des jeunes en insertion, fondé sur l’octroi d’une allocation de 1000 euros et un accompagnement spécifique. Le dispositif augmente de près de 50% les chances d’obtention du permis à un horizon de 24 mois. On ne constate en revanche pas d’effet notable de l’aide sur les chances d’accéder à un emploi et sur la qualité des emplois occupés (salaire, type de contrat de travail, durée du travail et statut d’emploi), à court terme comme à long terme. L’évaluation suggère qu’un enjeu central consiste dans la simplification du passage du permis lui-même.
- Des dispositifs à destination des jeunes diplômés et des étudiants les plus éloignés du marché du travail. Ces projets ont permis de mettre en évidence les facteurs d’une insertion difficile chez les jeunes diplômés, notamment leur manque de préparation à la recherche d’emploi ou l’absence de stage obligatoire dans certaines filières. Pour les étudiants décrocheurs, un programme d’accompagnement renforcé a eu un impact positif sur le nombre d’entretiens d’embauche et sur le nombre et la qualité des emplois obtenus par les bénéficiaires. L’accompagnement renforcé a aussi un effet sur la psychologie des jeunes : il améliore la confiance dans leur avenir professionnel et envers les entreprises et les employeurs. Cet effet est renforcé lorsque l’accompagnement est centré vers les métiers en tension et couplé à un contrat d’engagement réciproque. Les dispositifs de parrainage ont des effets contrastés qui dépendent fortement de leurs conditions de mise en œuvre.
- Des dispositifs d’aide à l’entrepreneuriat des jeunes. Les premiers résultats indiquent que l’enjeu principal est moins l’accès au crédit que la capacité des jeunes à formuler et formaliser un projet de création d’activité. Les dispositifs d’accompagnement des jeunes montrent des résultats encourageants, qui demandent à être confirmés et précisés par deux rapports d’évaluation à venir portant sur des projets de grande ampleur.
À consulter :
Les fiches d’expérimentation terminées "Insertion professionnelle"