Alternance
Les ruptures de contrats en alternance ou de contrats de professionnalisation expliquent aujourd’hui une part importante des sorties sans qualification de formation initiale. L’objectif des expérimentations présentées ci-dessous est de sécuriser, par un meilleur accompagnement, les parcours des jeunes qui ont choisi l’alternance.
Documents
1. Enjeux pour les politiques publiques
L’alternance organise, à différents niveaux de formation, une scolarité répartie entre l’acquisition de savoirs généraux, professionnels ou techniques et la pratique en entreprise. La concertation jeunesse menée en 2009 soulignait qu’elle était « l’outil le plus éprouvé pour favoriser l’insertion professionnelle des jeunes ». C’est pourquoi elle préconisait que les politiques publiques se fixent comme objectif le doublement du nombre de jeunes en alternance d’ici à 2015.
Un tel objectif ne va pas sans difficulté. Par exemple, en matière d’apprentissage en vingt ans, le nombre total d’apprentis a presque doublé pour atteindre 425 000 en 2009-2010. Mais cette progression masque la stagnation des entrées des jeunes les moins qualifiés et la difficulté du système de formation à pénétrer les emplois à fort potentiel de recrutement, dans le secteur des services notamment.
Les taux de ruptures prématurées des contrats d’apprentissage restent élevés, oscillant autour de 25%. Les raisons de ces ruptures sont multiples : erreurs d’orientation (dans le choix du métier et/ou ciblage de l’entreprise) ; capacité d’accueil de l’entreprise ; problèmes de comportement de l’apprenti ; insuffisance du niveau des savoirs de base ; problèmes financiers, de mobilité, de logement ; conflit entre l’employeur et l’apprenti.
Pour remédier à ces ruptures et, plus largement, promouvoir la formation en alternance, l’individualisation de l’accompagnement est fondamentale. C’est pourquoi les actions entreprises dans le cadre des expérimentations visent à questionner l’effet sur le parcours des jeunes de dispositifs d’accompagnement intervenant à différentes étapes : en amont, durant le contrat ou après le contrat d’alternance. Des actions visent également à travailler sur l’image de l’alternance, sur le logement des apprentis et sur les pratiques des missions locales.
Les évaluations devraient permettre de déterminer quelles formes d’accompagnement ont les meilleurs résultats sur l’orientation, la scolarité et l’insertion professionnelle des jeunes en alternance.
2. Dispositifs expérimentés
15 expérimentations sont soutenues par le FEJ qui devraient bénéficier à environ 9 500 jeunes :
- 14 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 1 « réduire les sorties prématurées du système de formation initiale » du premier appel à projets (AP1), publié en avril 2009 ;
- 1 issue de l’appel à projets publié en 2008 de la Délégation interministérielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale (DIIESES).
Elles ont pour objet :
- l’accompagnement en amont (3 projets) ;
- l’accompagnement en amont, pendant, et après l’alternance (6 projets) ;
- des actions en faveur du logement des apprentis (2 projets) ;
- la mise en place d’une charte qualité pour améliorer les pratiques d’une mission locale
(1 projet) ;
- la mise en place d’une plate-forme partenariale (3 projets) ;
3. Premiers enseignements
La promotion de la formation en alternance est un objectif constant des politiques publiques depuis le début des années 1990, période à laquelle l’Etat s’engage de manière volontariste sur des objectifs quantitatifs. L’accroissement du nombre de jeunes ainsi formés se heurte cependant à divers obstacles, qui ont fait l’objet des expérimentations soutenues dans le cadre du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse. Une difficulté importante tient à la fréquence des ruptures de contrat, qui nécessitent d’interroger aussi bien les choix de filières opérés par les jeunes que leur suivi durant leur contrat, ou leurs conditions de logement. Un axe majeur des dispositifs a donc consisté dans le renforcement des formes d’accompagnement proposées aux jeunes en amont de la signature de leur contrat et au cours de celui-ci.
Cet accompagnement renforcé des jeunes apprentis a des effets partiellement inattendus. Les évaluations montrent qu’il ne permet pas de faire diminuer le nombre des ruptures, mais qu’il a pour effet d’améliorer l’appariement entre jeunes et employeurs. Ainsi l’accompagnement en amont de la signature d’alternance mené à la mission locale de Tulle, comprenant des actions d’information, l’aide à la validation d’un projet et à la recherche d’un maître de stage, a pour effet une augmentation des ruptures dans les six premiers mois. Cependant, à plus long terme, ces ruptures sont moins importantes chez les bénéficiaires. Les jeunes rompent donc plus rapidement mais réintègrent par la suite une formation plus adaptée : ce suivi aide ainsi les jeunes à reconnaître plus rapidement les mauvais choix d’orientation. Les bénéficiaires de l’accompagnement pendant l’apprentissage, qui disposaient notamment d’un recours à la médiation en cas de tensions entre l’apprenti et l’employeur, ont tendance à changer plus souvent d’employeurs, ce qui suggère que l’accompagnement a permis à davantage de ruptures « latentes » de s’exprimer, les jeunes bénéficiant d’un programme sécurisé en cas de rupture du contrat.
D’autres projets visent à améliorer les conditions de vie des jeunes en alternance. La nécessité d’un double logement n’est en effet pas rare pour les jeunes dont le centre de formation est éloigné de l’entreprise. L’effet des aides financières et logistiques pour faciliter l’accès à un deuxième logement a été évalué qualitativement. Les dispositifs ont réussi à cibler les jeunes les moins mobiles, et ont permis à une large part des jeunes de bénéficier d’une année d’apprentissage stable en termes de logement. L’évaluation d’un projet de logement des apprentis chez des particuliers montre l’intérêt de cette offre de logement intéressante pour les jeunes et pour les adultes qui les logent.
Les résultats des évaluations montrent enfin que les projets n’ont pas permis de faire varier significativement le volume d’offre de l’alternance, variable fondamentale pour atteindre des objectifs de croissance du recours à ce type de formation. Elles incitent à réfléchir aux actions qui pourraient être mises en œuvre pour sécuriser les entreprises proposant des postes en apprentissage, notamment en cas de rupture du contrat.
À consulter :
Les fiches d’expérimentation terminées "Alternance"